Politique

Forum économique : accueil mitigé pour la proposition Péladeau

QUÉBEC — La FTQ accueille favorablement son idée de tenir un forum économique. Mais la proposition reçoit un accueil beaucoup plus réservé de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).

L’organisation de forums économiques a donné des résultats intéressants dans le passé, convient la présidente de la FCCQ, Françoise Bertrand. Mais à ses yeux, le contexte actuel ne s’y prête pas.

Mme Bertrand, une ancienne administratrice de la société Québecor, assure que la FCCQ prendra part à un forum économique si Québec décide d’en tenir un. Elle s’est par ailleurs réjouie du virage économique que semble vouloir imprimer M. Péladeau au Parti québécois (PQ).

Même s’il a envisagé de noyauter le PQ pour empêcher son élection, le président de la FTQ, Daniel Boyer, s’est réjoui de la proposition de M. Péladeau. Et ce, même s’il dit toujours avoir des doutes en raison du « passé antisyndical » de l’actionnaire de contrôle de Québecor.

« Il nous a livré quelque chose de fort intéressant qu’on veut saluer, a dit M. Boyer. Nous, on revendique un sommet socio-économique depuis l’automne dernier. Le gouvernement fait la sourde oreille à cette demande. »

« MAIN TENDUE »

En chambre, hier, M. Péladeau a de nouveau invité le gouvernement libéral à accepter sa « main tendue » et à convier les acteurs du monde des affaires et de la société civile à un grand forum qui permettrait d’accoucher d’une politique économique.

Mais il a plutôt essuyé une salve de ses adversaires, qui affirment que l’option indépendantiste dont il est le promoteur est une menace pour l’économie.

« La meilleure façon de garder et d’attirer nos sièges sociaux, c’est de créer au Québec un climat de stabilité politique, financière et économique, a dit le premier ministre Philippe Couillard. Il est aux premières loges pour corriger l’impression d’instabilité que pourrait créer pour les investisseurs d’ailleurs sa constante quête de l’indépendance. »

Selon le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, la seule présence de M. Péladeau est une source d’incertitude pour l’économie.

« Il y a une possibilité, même si je la juge très improbable, qu’il soit au pouvoir dans trois ans et demi, a dit M. Legault. Les marchés financiers, qui sont nerveux, qui n’aiment pas l’incertitude, actuellement, ce n’est pas la meilleure façon d’attirer des investissements privés. »

M. Péladeau a balayé ces critiques du revers de la main, hier. Il a soutenu que le projet d’indépendance n’est pas une source d’instabilité économique et il a accusé ses rivaux de tenter de faire « diversion ».

« Je pense que c’est de la partisanerie excessive, a-t-il déploré. Je pense qu’on peut s’interroger de ce rapprochement aussi rapide entre les libéraux et la CAQ. On peut conclure aussi que M. Legault est peut-être inquiet de perdre [les élections partielles] dans Chauveau et Jean-Talon. »

LISÉE « MUSELÉ » PAR PÉLADEAU, SELON UN DÉPUTÉ LIBÉRAL

Le retrait de Jean-François Lisée de la commission parlementaire qui se penchera sur les avoirs de Pierre Karl Péladeau prouve qu’il a été « muselé » par son nouveau chef, a dénoncé le député libéral Marc Tanguay, hier. M. Lisée a confirmé qu’il ne participera pas aux travaux de la Commission des institutions, dont il est le vice-président, lorsqu’elle se penchera sur un récent rapport du commissaire à l’éthique. Ce rapport comprend des recommandations sur les fiducies sans droit de regard, un sujet qui concerne directement le nouveau chef péquiste, qui est à la fois aspirant premier ministre et actionnaire de contrôle de Québecor. Selon M. Tanguay, qui est membre de la Commission, le forfait de M. Lisée prouve que M. Péladeau tente d’étouffer le débat sur ses avoirs.

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